Serge ASSIER « Une passion photographique et littéraire »
Un film réalisé par Daniel MEZERGUES et Pierre CHANTEUX – Objectif Image
Serge ASSIER « Une passion photographique et littéraire »
Si la photographie est entrée presque par effraction dans la vie de Serge Assier elle y a prospéré, nourrie par une passion sans borne. Elle a été pour lui un moyen de subsistance, un métier, mais aussi et surtout un moyen d’expression, et c’est bien là que réside toute son originalité, toute sa singularité.
Serge Assier aime la vie, « aime les gens », il photographie donc la vie des gens ou les gens dans la vie, dans leur espace, dans leur quotidien, une approche et une facture que l’on peut rattacher à la photographie humaniste. Mais une photographie portée par un regard aiguisé, que les heurts de la vie ont rendu sensible aux interstices, aux failles, au « vécu » des gens. Ses images ouvrent souvent sur des arrière-cours, moins lisses et moins policées que ce que l’on perçoit de prime abord. Derrière les cadrages soignés, derrière les sourires des portefaix ou des travailleurs en usine de Chine, pointe la cruelle réalité de leur quotidien.
Pour ouvrir encore plus grande les portes de l’imaginaire, Serge Assier a demandé à des poètes, à des auteurs, d’écrire sur ses images, non pour décrire, mais pour enluminer, pour amener le spectateur à voir différemment, à voir autre chose, à s’imaginer la vie, qu’elle soit douce ou rude avec une infinité de variances et de déclinaisons. Ils sont nombreux à être entrés dans l’univers de Serge Assier, Fernando Arrabal, Michel Butor, Bernard Noël, Jean Roudaut, pour ne citer qu’eux, et bien sûr René Char qui fut le premier à le soutenir pour son exposition de 1984, et demeura son ami jusqu’à sa disparition en 1988. Car Serge Assier a l’amitié féconde, et ses échanges, ses courriers avec les écrivains ont aujourd’hui, avec ses livres et ses photographies pris le chemin de la médiathèque du patrimoine et de la photographie. Reconnaissance tardive peut-être mais reconnaissance à la hauteur de cette passion, de ce travail acharné de plus de quarante années à faire jongler « le verbe avec l’image ».